À la découverte des fleurons de la scène indépendante du Grand Est

Avant de passer à la présentation, un bref point sur ce qu’est un label indépendant (ou "label indé"). Contrairement à un label appartenant aux majors (comme Universal, Sony ou Warner), un label indépendant est autonome financièrement et dans ses choix artistiques. Il accompagne les artistes dans plusieurs aspects : production d’albums, promotion, distribution et structuration des projets.

Dans le Grand Est, ces structures incarnent tout sauf le conformisme : elles arpentent les scènes émergentes, misent sur des talents locaux, parfois même marginaux, tout en luttant pour préserver leur indépendance face à un marché saturé.

1. Another Record : Des pépites entre folk et indie pop

Basé à Strasbourg, Another Record est un label qui existe depuis plus de 20 ans. Leur spécialité ? Une esthétique sonore qui navigue entre folk, indie pop et expérimentations diverses. Le label s’est particulièrement illustré en produisant des artistes comme Mocke et Les Marquises, des projets intemporels où la poésie et la subtilité priment.

Leur impact dépasse les frontières régionales : Another Record a su s’exporter sur les scènes européennes (et même au-delà), grâce à une distribution soignée et un réseau bien implanté dans le circuit indie.

2. Herzfeld : L’écrin strasbourgeois de la création indépendante

Également à Strasbourg, Herzfeld est une coopérative artistique et musicale qui défend des projets indépendants depuis plus de 20 ans. Chez Herzfeld, on ne trouve pas qu’un simple label, mais une véritable famille artistique qui valorise la mutualisation des ressources.

Leur catalogue est éclectique : de l'indie rock aérien de Electric Electric à la pop avant-gardiste de Delphine Dora, sans oublier d’autres groupes comme Loyola. Avec Herzfeld, l’indépendance n’est pas qu’une posture : c’est l’ADN même de leur démarche.

3. Les Disques de la Face Cachée : L’esprit DIY incarné

En Lorraine, les Disques de la Face Cachée brillent comme un motif subtil mais audacieux de la scène underground. Dédié à des productions artisanales et souvent limitées en quantité, ce label est un véritable havre pour les artistes qui ne se retrouvent pas dans les moules industriels.

Leur ligne éditoriale va des musiques expérimentales aux versions alternatives de projets indie. C’est aussi un acteur clé pour soutenir des événements locaux et des festivals confidentiels, rendant la musique toujours plus accessible malgré sa marginalité assumée.

Si certains labels ne bénéficient pas d'une renommée nationale, leur apport au territoire reste considérable. Un exemple illustratif est Lion’s Records, qui travaille depuis Nancy à promouvoir des projets reggae, dub et afrobeat. Parallèlement, Specific Recordings, basé à Metz, fait parler de lui grâce à ses sorties punk et rock particulièrement dynamiques.

Par ailleurs, le collectif Ici d’Ailleurs, basé à Nancy, est une autre figure incontournable, connu notamment pour avoir relancé les projets de Yann Tiersen. Leurs productions, souvent empreintes d’une signature néo-classique ou expérimentale, s’écoutent bien au-delà des frontières régionales.

Certains labels du Grand Est tirent leur épingle du jeu grâce à leur capacité à organiser des événements qui mobilisent un public international. Citons notamment les collaborations entre labels et festivals comme les Rencontres Transmusicales de Strasbourg ou le Festival Nancy Jazz Pulsations. Grâce à ces initiatives, des labels et artistes locaux gagnent en visibilité, tout en renforçant l'attractivité musicale de la région.

• La Lorraine et son héritage industriel réimaginé en basses nerveuses (via Lion's Records).
• Strasbourg, un vivier de labels multidimensionnels, allant de l’electro à l’expérimental (Herzfeld, Another Record).
• Metz, pivot du rock alternatif avec Specific Recordings et les groupes qu'il accompagne.

Malgré leur engagement, tous ces labels doivent composer avec des obstacles majeurs. La concurrence des grosses maisons de disques est rude, et la digitalisation du marché (notamment via les plateformes comme Spotify ou Deezer) impose de nouveaux codes de distribution. Pourtant, certains s’organisent pour en tirer parti : en distribuant en vinyles ou via Bandcamp, où les marges restent plus justes qu’en streaming.

De plus, la mutualisation devient essentielle. De nombreux labels du Grand Est collaborent à travers des réseaux comme la FEDELIMA ou des plateformes régionales pour partager des ressources, échanger des conseils ou même organiser des tournées collaboratives d’artistes.

Avec des initiatives toujours plus nombreuses et variées, les labels indépendants de la région Grand Est continuent de nourrir une scène musicale vibrante, originale et résolument tournée vers l’avenir. Leur succès démontre surtout qu’il est possible de conjuguer ambition artistique, ancrage local et rayonnement international.

Si vous êtes passionnés de musique libre et alternative, il ne tient qu’à vous de découvrir (ou redécouvrir) les pépites locales. Des vinyles aux concerts intimistes, les labels indépendants n’attendent qu’un public curieux et ouvert pour poursuivre cette belle aventure musicale.